Jeudi, l'organisation Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce (Tuac) a déposé une requête devant la Commission des relations de travail du Québec (CRTQ), une première dans la province , pour demander de retarder la fermeture du magasin, prévue pour le 6 mai.
Les 190 salariés veulent en effet que les plaintes déposées (notamment pour harcèlement psychologique et licenciement pour activités syndicales) puissent être étudiées avant que le magasin disparaisse. Et, surtout, que le médiateur désigné par le ministre du Travail puisse dévoiler la première convention collective qui sera imposée rétroactivement aux deux parties.
Le syndicat, qui réclame des dommages pour «préjudices sérieux et irréparables», souhaite également, par mesure de prudence, faire interdire la fermeture de toute enseigne Wal-Mart en cours de syndicalisation - elles sont désormais une dizaine.
Déjà, le 11 mars dernier, 68 employés de Jonquière considérant la cessation d'activité de leur enseigne comme une mesure de représailles bafouant le droit d'association avaient déposé plainte auprès de la CRTQ pour non-respect du code du travail. Depuis l'annonce de la fermeture, les militants syndicaux, «écoeurés par les manières de faire» de Wal-Mart, ont redoublé d'ardeur, assure Yvon Bellemare, représentant syndical Tuac, qui croit en outre que «le soutien de la population est plus important qu'avant».
Le président de la FTQ (le plus important syndicat québécois) a demandé à ses 500 000 membres de parrainer, par des aides financières ou des offres d'emploi, les futurs chômeurs.
(…) En février, la CRTQ avait sanctionné Wal-Mart,qui empêchait les employés du magasin de Sainte-Foy de discuter de syndicalisation lors des pauses. Ces dernières semaines, les rumeurs de nouvelles fermetures se sont multipliées, dans le but, accusent les organisations de travailleurs, de refroidir les ardeurs syndicales. Et de faire cesser ce que Wal-Mart qualifie de «revendications déraisonnables» peu favorables à un fonctionnement «rentable et efficace».
Source : Carole DUFFRECHOU, Libération du 28 mars 2005