Le modèle mathématique de Serge Galam, physicien de formation, spécialiste des théories du désordre, oeuvre au rapprochement de sa discipline d'origine et des sciences humaines au sein du Centre de recherche en épistémologie appliquée (Ecole polytechnique-CNRS) de Paris. Ce «sociophysicien» s'intéresse, en particulier, aux mouvements d'opinion.
L'un de ses modèles, décrivant « la propagation d'opinions minoritaires en milieu démocratique », s'applique, comme un gant, au référendum sur la Constitution de l'Europe. Il montre comment le « non », aujourd'hui minoritaire dans les sondages, est en mesure, d'un strict point de vue mathématique, de s'imposer finalement.
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« En cas de doute, précise Serge Galam, c'est l'opinion la plus proche du statu quo qui l'emporte. » Un phénomène que l'on retrouve dans la prime au sortant des scrutins électoraux ou dans la peur de l'inconnu que doit surmonter tout projet de réforme. (…)
Tout l'intérêt du modèle est de mettre en évidence comment, de proche en proche, ce processus local peut faire tache d'huile, jusqu'à « contaminer » bientôt la totalité de la population. Et de montrer qu'un retournement massif d'opinion peut être la résultante de microchangements.
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Un tel scénario, qui réduit à néant une opinion au départ largement
majoritaire, n'est évidemment guère vraisemblable. Cette construction
arithmétique a en effet ses limites. Elle ne tient pas compte, en
particulier, de tous les facteurs externes - interventions politiques, campagnes médiatiques, conjoncture économique, tensions
internationales... - qui, dans la réalité, peuvent influencer l'opinion publique.
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remiskippy