Portrait de l'artiste en travailleur
--> Être ou avoir
L'instituteur du film Etre et avoir, Georges Lopez, a perdu mercredi 5 novembre le premier des deux procès qu'il a intentés contre le réalisateur Nicolas Philibert, le conseil de prud'hommes de Perpignan ayant constaté l'absence de contrat de travail entre les deux hommes.
«L'artiste est une figure importante dans notre société. Comme l'a fort bien montré Pierre Michel Menger dans son Portrait de l'artiste en travailleur (République des idées), il est une formidable métaphore du nouveau monde post-industriel, qui exige d'être créatif et corvéable. A suivre pourtant la façon dont les défenseurs du réalisateur choisissent leurs arguments, on croit bien davantage entendre la manière dont Marx parle du capital que celle dont il parle du travail. Pour Marx, le capitaliste est précisément celui qui transforme le "travail concret" d'une personne en "travail abstrait", en marchandise d'où est effacée toute manifestation de la présence du travailleur. Et, en termes marxistes, on dirait : ce n'est pas parce que quelqu'un est propriétaire des moyens de production qu'il crée de la plus-value ; ça ne lui donne que le droit légal de la récupérer.»
«Le paradoxe de la situation présente est que ce soit au nom d'une interprétation stricte de la créance de l'auteur sur son œuvre que la défense de la liberté de filmer soit engagée. Au nom d'un idéal de gratuité, on s'en tient à une définition notariale de la propriété. Que les droits d'auteur puissent être une arme qui protège des appétits des grands groupes audiovisuels, selon ses défenseurs, n'empêche pas qu'il y a contradiction à réclamer la propriété pour soi et la gratuité pour les autres.» Extraits de l'article de Daniel Cohen dans Le Monde du mardi 4/11/2003.
«L'artiste est une figure importante dans notre société. Comme l'a fort bien montré Pierre Michel Menger dans son Portrait de l'artiste en travailleur (République des idées), il est une formidable métaphore du nouveau monde post-industriel, qui exige d'être créatif et corvéable. A suivre pourtant la façon dont les défenseurs du réalisateur choisissent leurs arguments, on croit bien davantage entendre la manière dont Marx parle du capital que celle dont il parle du travail. Pour Marx, le capitaliste est précisément celui qui transforme le "travail concret" d'une personne en "travail abstrait", en marchandise d'où est effacée toute manifestation de la présence du travailleur. Et, en termes marxistes, on dirait : ce n'est pas parce que quelqu'un est propriétaire des moyens de production qu'il crée de la plus-value ; ça ne lui donne que le droit légal de la récupérer.»
«Le paradoxe de la situation présente est que ce soit au nom d'une interprétation stricte de la créance de l'auteur sur son œuvre que la défense de la liberté de filmer soit engagée. Au nom d'un idéal de gratuité, on s'en tient à une définition notariale de la propriété. Que les droits d'auteur puissent être une arme qui protège des appétits des grands groupes audiovisuels, selon ses défenseurs, n'empêche pas qu'il y a contradiction à réclamer la propriété pour soi et la gratuité pour les autres.» Extraits de l'article de Daniel Cohen dans Le Monde du mardi 4/11/2003.