La France manque de mobilité: on protège trop l'emploi existant au détriment de l'emploi futur. Or, sur un marché, les plus innovants, les plus productifs, sont les nouveaux arrivants. Le transport routier de marchandise, libéralisé en 1986, est un exemple parlant: avant, le nombre d'emplois progressait de 1,5 % par an. Avec l'ouverture du secteur, les prix ont baissé, les demandes se sont donc multipliées et l'emploi a crû de 6 % par an. Un cercle vertueux s'enclenche qui ne profite plus seulement aux gens «en place».
Mais ce secteur a souffert de la précarité...
Certes, parce qu'au moment de l'ouverture beaucoup de petites entreprises se sont engouffrées sur le marché. Elles se sont livrées à une concurrence sur les prix, donc sur les conditions de travail. Au fur et à mesure, seules les plus efficaces ont survécu et sont devenues plus grosses...
Et en moyenne les grandes entreprises paient mieux et offrent de
meilleures perspectives de carrière.
Entretion avec Francis Kramarz, professeur à l'école polytechnique, co-auteur d'un rapport remis au Ministre de l'économie préconisant plus de déréglementation : «De la précarité à la mobilité: vers une sécurité sociale professionnelle», dans Libération du 8 février 2005