Les défavorisés ont-ils leur place à Sciences Po ?
--> Discrimination positive
La Cour administrative d'appel de Paris (CAAP), qui intervient sur une plainte de l'UNI, va probablement demander l'annulation de l'accès spécifique ouvert depuis 2001 à Sciences-Po (IEP) pour permettre l'entrée dans cette grande école de lycéens issus des ZEP.
Cette initiative avait été saluée comme un succès à la fois pédagogique (un bon taux de réussite) et social. Elle arrive au moment où dans d'autres universités, à Dauphine par exemple, des voix se lèvent pour barrer la route aux lycéens des quartiers populaires.
La CAAP demande simplement que le Conseil de direction de l’IEP de Paris précise lui-même un certain nombre de points qui avaient été explicités par le Directeur de l’IEP ès qualité :
- Que les établissements privés peuvent passer des conventions avec l’IEP de Paris au même titre que les établissements publics, ce qui était déjà possible mais non précisé dans les résolutions du Conseil de direction de l’IEP.
- Que le Conseil de direction précise les académies et les zones d’éducation prioritaire comprenant des lycées qui pourront faire l’objet de conventions avec l’IEP.
- Que les critères de choix, énoncés par le directeur de l’IEP, des lycées partenaires soient intégrés dans les résolutions du Conseil de direction.
- Que les critères d’évaluation de l’expérimentation soient explicités.
- Enfin, que la durée d’expérimentation soit plus courte (elle est aujourd’hui de 5 ans renouvelable une fois).
Le communiqué de presse de la CAAP présenté par L'IEP en téléchargement
Ecrit par ProfSES, le Samedi 22 Novembre 2003, 12:45 dans la rubrique à suivre.

Commentaires :

esperanza
esperanza
22-11-03 à 13:47

mwarff

Intégrer 8 élèves de ZEP à Sciences-Po, sur 3000 ou 4000 élèves, c plus une mesure de communication.

Le jour où Science-Po ne sera plus réservé à une élite socioculturelle, ça se saura...

 

 

 

(statistiquement je ne suis pas censé réussir à sciences-po, pour moi ça devient une motivation de plus :p)


 
ProfSES
ProfSES
23-11-03 à 18:56

Discimination positive

Oui, la discrimination positive ressemble en effet un peu à l'affirmative action des États-uniens, avec le risque communautariste qu'on connaît. Mais ce n'est pas une raison pour renoncer à la mixité sociale, même à la marge. Tant pis pour les mauvaises fréquentations, il faut chercher à y entrer quand même.

 
Auteur inconnu
22-03-04 à 07:23

Re: Discimination positive

faux

 
momo
22-03-04 à 07:33

Re: Re: Discimination positive

nan

 
Royal-ornythorinque
Royal-ornythorinque
25-05-04 à 12:05

l'experience

Science-Po c'est comme le sexe ou le commerce équitable : c'est ceux qui en parlent le plus qui en font le moins. Il arrive un moment où il faut savoir parler d'une tendance ou d'une décision, non pas en ce qu'elle s'inscrit dans un courant d'idées (gauche/droite en France), mais au vu de ses conséquences individuelles. C'est bien beau de vouloir jouer les démagos sous couvert d'un improbable projet de société plus égalitaire (8% d'enfants d'ouvriers dans les Grandes Ecoles en 1960, 3% aujourd'hui) mais certains payent cet "apéro maison".
L'IEP de Lille a un actuellement un problème de locaux évident : le nombre de places assises est restreint, il ne suffit que grâce aux absents ! Or, l'année dernière, la direction a choisi, dans un élan de parisiannisme décevant, de se joindre au concert hypocrite et d'intégrer 12 étudiants issus d'IUT divers directement en 2eme année. Double conséquence :
- non seulement mon meilleur ami, et d'autres, ont du faire leur valise à la fin de la première année alors qu'ils étaient au moins aussi bons que les personnes qui sont arrivées à la rentrée suivante.
- pire : 5 des 12 étudiants ont abandonné en cours d'année, les autres sont dans les derniers du classement.
Je ne parlerai même pas de la facilité honteuse avec laquelle ils ont pu intégrer l'IEP. Il faut savoir que les concours, puis la scolarité, de Paris, de Lille et de Strasbourg nécessitent un travail que très peu d'étudiants sont, non seulement incapables, mais surtout non-disposés à fournir. J'ai fais un an d'hypokhâgne et travaillé comme une bête jusqu'aux heures où mes potes de fac rentraient de boîte. Pour le concours de Lille j'ai révisé seul chez moi (à Montpellier) durant tout l'été alors que les mêmes amis multipliaient les sms type "On est à la plage, tu viens ?". Les deux premières années à Lille ont été un vrai calvaire, pour moi comme pour la majorité de l'amphi. Et, enfin, j'en ai assez des préjugés : non je n'appartient pas à une famille bourgeoise, au contraire. Mais j'ai travaillé dur, tard et longtemps, alors les 12 entrées directes sans concours, je ne suis pas prêt de les oublier.


 
ProfSES
ProfSES
25-05-04 à 13:20

Re: l'experience

Merci pour cette réaction, qui met l'accent sur le décalage entre l'effet d'annonce et la réalité vécue. On pourrait d'ailleurs aussi évoquer d'autres "passerelles" (antennes décentralisées à Dijon et à Poitiers), et leurs étonnantes conditions d'accès...