Les avantages de la "discrimination positive"
--> Affirmative action
Longtemps on a buté sur la traduction. Comment dit-on, en français, affirmative action ? Facilement traduisibles séparément, les deux mots inversés et mis bout à bout restaient obstinément vides de sens. Alors, longtemps, les observateurs de la scène américaine se sont contentés d'écrire "affirmative action" et d'assortir l'expression anglaise d'explications alambiquées.
Sylvie Kauffmann, dans Le Monde du 6/01/2004, revient sur ce concept et sur sa traduction dans l'action politique en France.
«C'était, après tout, un concept très éloigné de nos pratiques républicaines, mis en œuvre à partir de la fin des années 1960 aux Etats-Unis sous l'impulsion de la "Great Society" chère à Lyndon Johnson : favoriser, par une politique préférentielle volontariste, l'accès à l'emploi et à l'enseignement supérieur de certaines catégories de population victimes de discrimination, c'est-à-dire les femmes et les minorités ethniques (noires, hispaniques, etc.). Une sorte de pratique exotique, avec ses excès et ses dérives, comme les Américains, incorrigibles naïfs, en inventent parfois, pour notre plus grand amusement.
Et puis la traduction "discrimination positive" est apparue. Est-ce un hasard si, finalement, et sans doute inconsciemment, les Français ont adopté l'expression "discrimination positive" plutôt qu'"action affirmative"? Non.
Parce que "discrimination positive" a une connotation négative. Dans "discrimination positive", il y a "positive", mais il y a d'abord "discrimination".
Choisir cette traduction, c'était déjà porter un jugement sur le concept. Pour les Américains, le concept était positif, et les mots choisis le prouvaient. Pour les Français, il était négatif, d'emblée. Qui dit "discrimination", positive ou négative, dit contraire à l'égalité.
Mais voilà que le débat surgit, biaisé par les mots, mais forcé par la réalité.»
Sylvie Kauffmann, dans Le Monde du 6/01/2004, revient sur ce concept et sur sa traduction dans l'action politique en France.
«C'était, après tout, un concept très éloigné de nos pratiques républicaines, mis en œuvre à partir de la fin des années 1960 aux Etats-Unis sous l'impulsion de la "Great Society" chère à Lyndon Johnson : favoriser, par une politique préférentielle volontariste, l'accès à l'emploi et à l'enseignement supérieur de certaines catégories de population victimes de discrimination, c'est-à-dire les femmes et les minorités ethniques (noires, hispaniques, etc.). Une sorte de pratique exotique, avec ses excès et ses dérives, comme les Américains, incorrigibles naïfs, en inventent parfois, pour notre plus grand amusement.
Et puis la traduction "discrimination positive" est apparue. Est-ce un hasard si, finalement, et sans doute inconsciemment, les Français ont adopté l'expression "discrimination positive" plutôt qu'"action affirmative"? Non.
Parce que "discrimination positive" a une connotation négative. Dans "discrimination positive", il y a "positive", mais il y a d'abord "discrimination".
Choisir cette traduction, c'était déjà porter un jugement sur le concept. Pour les Américains, le concept était positif, et les mots choisis le prouvaient. Pour les Français, il était négatif, d'emblée. Qui dit "discrimination", positive ou négative, dit contraire à l'égalité.
Mais voilà que le débat surgit, biaisé par les mots, mais forcé par la réalité.»