Loi 1905 aux racines de la laïcité
--> Soutane du curé
Après d'interminables débats, la séparation de l'Eglise et de l'Etat fut scellée le 9 décembre 1905. Retour sur cette lutte acharnée entre cléricaux et républicains qui, cent ans avant le voile, divisait déjà la société française.
Le 10 septembre 1900, Eugène Thomas, maire du Kremlin-Bicêtre dont le coeur bat républicain, prend un arrêté municipal «interdisant le port de la soutane sur le territoire de la commune». «Le clergé est un groupe de fonctionnaires (...) qu'il importe particulièrement, en raison de leur nombre, de leur indiscipline naturelle et de la nature même de leurs fonctions complètement inutiles au bien de l'Etat, de les rappeler en toutes choses au respect absolu de toutes les lois», argumente l'édile, qui poursuit : «Si le costume dont s'affublent les religieux peut favoriser leur autorité sur une certaine partie de la société, il les rend ridicules aux yeux de tous les hommes raisonnables et l'Etat ne doit pas tolérer qu'une catégorie de fonctionnaires serve à amuser les passants.» La police, les agents communaux et les gendarmes sont chargés de faire appliquer l'arrêté, dont s'inspireront d'autres municipalités ultrarépublicaines mais néanmoins minoritaires. Les tribunaux ne prononceront jamais aucune sanction.
Par Nicole GAUTHIER et Jean-Pierre THIBAUDA, dans Libération du 16 décembre 2003.
Le 10 septembre 1900, Eugène Thomas, maire du Kremlin-Bicêtre dont le coeur bat républicain, prend un arrêté municipal «interdisant le port de la soutane sur le territoire de la commune». «Le clergé est un groupe de fonctionnaires (...) qu'il importe particulièrement, en raison de leur nombre, de leur indiscipline naturelle et de la nature même de leurs fonctions complètement inutiles au bien de l'Etat, de les rappeler en toutes choses au respect absolu de toutes les lois», argumente l'édile, qui poursuit : «Si le costume dont s'affublent les religieux peut favoriser leur autorité sur une certaine partie de la société, il les rend ridicules aux yeux de tous les hommes raisonnables et l'Etat ne doit pas tolérer qu'une catégorie de fonctionnaires serve à amuser les passants.» La police, les agents communaux et les gendarmes sont chargés de faire appliquer l'arrêté, dont s'inspireront d'autres municipalités ultrarépublicaines mais néanmoins minoritaires. Les tribunaux ne prononceront jamais aucune sanction.
Par Nicole GAUTHIER et Jean-Pierre THIBAUDA, dans Libération du 16 décembre 2003.