Le Sarko-plan show
--> Chacun pour soi
Mardi 4 mai, c'était au tour de Nicolas Sarkozy d'occuper le devant de la scène, avec l'aplomb qu'on lui connaît. M. Sarkozy veut placer M. Chirac devant l'incohérence de ses annonces successives et le forcer à trancher : par exemple entre la défense et la "cohésion sociale", par exemple sur les intermittents, par exemple entre la baisse des impôts et la hausse de la CSG pour sauver l'assurance-maladie.
L'éditorial du Monde du 6 mai 2004 précise la démarche du Ministre de l'Économie : Les initiatives annoncées par Nicolas Sarkozy ont, elles, un axe : que l'Etat dépense moins et les Français plus. Que la demande privée remplace la demande publique qui est à bout de course étant donné les déficits et la dette. L'Etat doit s'imposer la rigueur conformément à ses choix européens, confirmés par le président de la République, comme le souligne à gros traits le ministre des finances. Les dépenses ne devront donc pas augmenter et des arbitrages seront nécessaires. Si la France veut ramener ses déficits sous la barre maastrichtienne de 3 % du PIB à la fin de 2005, elle ne peut, dans le même temps, multiplier les priorités et les ministères aux crédits sanctuarisés.

• Dans Libération du 5 mai 2004, les économistes sont partagés sur les annonces du ministre d'État :
Pour, Bernard Spitz, coauteur d'État d'urgence
«Nicolas Sarkozy fait le bon choix de cadrage macroéconomique qui consiste à privilégier non pas le déficit public et une forte épargne, mais une relance par la consommation et la baisse des déficits. C'est une logique cohérente. Mais, faute de remettre en cause certaines promesses, dont la baisse de la TVA sur la restauration, il demeure prisonnier de la reprise économique pour parvenir à respecter les critères européens. Je note une mesure forte : la perception de la redevance audiovisuelle par l'intermédiaire de la taxe d'habitation, une réforme imaginée par le gouvernement Rocard. C'est un symbole. Il a fallu quinze ans pour qu'elle soit reprise. C'est dire la difficulté à réformer l'Etat..»
- Contre, Éric Heyer, directeur adjoint de l'OFCE.
«Le plan de Nicolas Sarkozy est difficile à quantifier. A mon avis, son résultat devrait être neutre sur l'activité économique. A court terme, les mesures annoncées ne devraient pas avoir beaucoup d'effet. Certaines, comme la réduction d'impôt pour les crédits à la consommation, peuvent paraître importantes. Mais on sait que la moitié des personnes concernées ne paient pas l'impôt sur le revenu. Plus généralement, les dispositifs envisagés intéressent les catégories aisées. Une augmentation de la prime pour l'emploi serait bien plus efficace. Evidemment, elle serait plus coûteuse. On reste toujours dans la contradiction : on incite d'une part les ménages à consommer, et dans le même mois on les invite à économiser davantage via l'épargne retraite.»

• De son côté, François HOLLANDE présente les contre-propositions du Parti socialiste pour la croissance et l'emploi :
RELANCER LE POUVOIR D'ACHAT ET LA CONSOMMATION:
- "revaloriser les prestations sociales qui peuvent avoir le plus d'effet sur la consommation des ménages", à savoir l'allocation logement et l'allocation de rentrée scolaire, qui "sont immédiatement dépensées"
- refondre la prime pour l'emploi pour "en faire un treizième mois"
- organiser une "conférence salariale" avec les partenaires sociaux
- fusionner la contribution sociale généralisée (CSG) et l'impôt sur le revenu "de manière à avoir un impôt proportionnel pour les couches moyennes et populaires" et "un impôt plus progressif pour les ménages les plus privilégiés"
"UNE POLITIQUE ACTIVE DE L'EMPLOI":
- créer une "nouvelle assiette du prélèvement pour les entreprises" en intégrant la richesse produite, ce qui constituerait une "incitation à l'emploi"
- mettre en place un "pacte national pour l'emploi". Dans ce cadre, une négociation serait engagée avec les partenaires sociaux sur la question des reclassements; les exonérations de cotisations sociales seraient conditionnées à la création d'emplois; les contrats aidés seraient remplacés par "un véritable contrat d'insertion"
AU NIVEAU EUROPEEN
- renégocier le Pacte de stabilité pour intégrer des critères de convergence sociale
- lancer un "grand emprunt" européen pour financer la recherche, l'éducation et l'innovation.
Source : Dépêche Yahoo! du 5 mai 2004

(HORS-SUJET) UN PETIT RITUEL QUI FAIT TOUJOURS CONSENSUS À DROITE : LES 35 HEURES
Après que Nicolas Sarkozy a qualifié mardi les 35 heures de "contresens économique", Pierre Méhaignerie et Bernard Accoyer enfoncent le clou.
Sarkozy : "La réforme des 35 heures a été un contresens économique. La France est le seul pays au monde qui a réussi cet exploit: affaiblir la valeur du travail dans la société et brider à la fois son offre et sa demande, sans même parler du coût colossal de cette réforme sur les finances publiques. Les 35 heures sont un acquis social. Mais pourra-ton durablement empêcher ceux qui veulent travailler davantage de le faire alors que parallèlement les dépenses de l'Etat explosent ? Je souhaite au moins que le problème soit posé".
Méhaignerie : Le député d'Ille-et-Vilaine a estimé que les ajustements déjà effectués "pourraient suffire pour les PME et l'artisanat". "Là où le coût est très élevé pour la nation, c'est le secteur public", a-t-il dit, en évoquant notamment l'hôpital. "Tôt ou tard, nous devrons faire un bilan avec les Français".
Accoyer (président du groupe UMP) : "Il faut aller plus loin (que ce qu'a déjà fait le gouvernement Raffarin, ndlr) et regarder ce qui doit être fait en plus pour essayer d'atténuer les conséquences de cette mesure dont le caractère général, systématique, obligatoire l'a rendue néfaste". "Nous ferons quelque chose".
Ecrit par ProfSES, le Mercredi 5 Mai 2004, 16:11 dans la rubrique à suivre.